Trente-cinq civils, dont 31 femmes, et sept militaires (quatre soldats et trois gendarmes) ont été tués dans cette attaque armée non revendiquée, menée mardi à Arbinda, près de la frontière malienne.
Selon l‘état-major des armées burkinabè, la riposte a permis de tuer “80 terroristes”. “Une centaine de motos, de l’armement et des munitions en grande quantité ont également été récupérés” sur les jihadistes en fuite.
La commune rurale d’Arbinda, située à 90 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, et sa région ont régulièrement été frappées cette année par des attaques jihadistes, visant aussi bien les civils que les forces de l’ordre.
Début avril, 62 personnes ont été tuées en trois jours lors d’attaques jihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires dans la commune, “32 du fait des terroristes”, et “30 du fait des conflits communautaires”, selon le gouvernement.
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Deux attaques fin avril et début mai avaient frappé dans la région deux églises, tuant un pasteur et cinq fidèles protestants, puis un prêtre et cinq fidèles catholiques.
En juin, 19 habitants d’Arbinda avaient péri pendant l’assaut mené en plein jour par plusieurs dizaines d’hommes armés.
Le président burkinabè Roch Kaboré en personne, à qui a souvent été reproché son manque de poigne face aux groupes jihadistes qui multiplient les actions violentes, a annoncé mardi soir sur Twitter le macabre bilan de cette “attaque barbare”.
Mardi matin, “un nombre important de terroristes ont attaqué simultanément le détachement militaire et les populations civiles d’Arbinda”, a expliqué l‘état-major dans un communiqué. L’attaque, d’une “rare intensité”, a duré plusieurs heures.
48 heures de deuil national
Six civils et une vingtaine de soldats ont été blessés, a précisé le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Remis Dandjinou.
Le président Kaboré a décrété 48 heures de deuil national, mercredi et jeudi, en hommage aux victimes de l’attaque, la pire qu’a connue le Burkina depuis le début des violences jihadistes il y a cinq ans.
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Pays pauvre d’Afrique de l’ouest, le Burkina fait face à des attaques jihadistes fréquentes, comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, une spirale de violences qu’il ne parvient pas à enrayer.
Début novembre, 40 employés d’une société minière avaient été massacrés lors de l’attaque de leur convoi dans l’Est du pays.
Le Burkina a reçu mercredi plusieurs messages de soutien, dont celui du Pape. François a dénoncé dans son traditionnel message de Noël les agissements “des groupes extrémistes sur le continent africain, surtout au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigeria”.
“Inates au Niger hier, Arbinda au Burkina Faso aujourd’hui… Villes martyres, victimes d’un terrorisme rampant qui nous menace tous. L’Union européenne est aux côtés de l’Afrique dans son combat contre le terrorisme”, a de son côté tweeté le président du Conseil européen Charles Michel.
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Le président du Niger Mahamadou Issoufou, dont le pays vient de subir une terrible attaque de jihadistes à Inates (71 soldats tués), a fait part sur Twitter de sa “solidarité” et présenté “au nom du peuple nigérien” ses “condoléances pour toutes les victimes civiles et militaires”.
Le président Kaboré, qui a salué “l’engagement et la bravoure” des Forces de défense et de sécurité, a demandé au peuple burkinabè de formuler, “en ce jour de Noël (…) une pensée pieuse pour les familles éplorées”.
Depuis 2015, les attaques jihadistes au Burkina ont fait plus de 700 morts, selon un décompte de l’AFP, et environ 560.000 déplacés et réfugiés, d’après les Nations unies.
Le Nord et l’Est du pays particulièrement touchés
Le Nord et l’Est du pays sont particulièrement touchés. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises.
Ces attaques sont rarement revendiquées mais attribuées à des groupes armés jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda et d’autres au groupe État islamique.
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Les forces de l’ordre burkinabè, qui paient un lourd tribut, sont sous-équipées et mal entraînées, en dépit des discours volontaristes du gouvernement. Elles ont cependant revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations. Des bilans toutefois impossibles à confirmer de source indépendante.
Face au péril jihadiste, cinq Etats sahéliens (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) qui tentent depuis 2015 de mettre sur pied une force militaire conjointe de 5.000 soldats, ont appelé mi-décembre la communauté internationale à les soutenir davantage.
Et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a adopté le 21 décembre un “plan d’action” d’un milliard de dollars sur cinq ans pour lutter contre le terrorisme, un plan aux contours cependant flous.
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Malgré la présence de forces françaises (4.500 soldats de l’opération Barkhane), de l’ONU (Minusma au Mali, 13.000 hommes), ainsi que de forces américaines, le Sahel subit des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, depuis les premières violences dans le nord du Mali en 2012.
La France a convié en janvier les cinq Etats sahéliens à un sommet pour “redéfinir plus clairement les objectifs militaires, politiques et de développement” de la lutte commune contre les groupes jihadistes, selon le président Emmanuel Macron, qui estime ambiguë l’attitude des présidents burkinabé et malien au sujet de la présence des soldats français, critiquée par une partie de l’opinion publique des deux pays africains.