Côte d’Ivoire: de nouveaux et inquiétants bruits de bottes auraient fait 3 morts

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Le 15/07/2017 à 15h46, mis à jour le 15/07/2017 à 15h49

On est loin de la dernière psychose générale créer par la grogne dans les casernes, mais les tirs d’armes qui ont animées peu après minuit certains endroits du pays suscitent des interrogations. Et les autorités restent muette même si 3 morts sont annoncés.

Après la grogne des soldats réclamant des primes, que peut bien cacher ces nouveaux bruits de bottes ? Dans la nuit du vendredi à Samedi, des tirs nourris ont ébranlé les sous quartiers de N’Dotré, Angré à Abidjan et la ville de Korhogo, dans le nord du pays. Des tirs à l’armes automatiques mais également à l’armes lourdes.

Si dans la capitale, les casernes de l’armée qui sont d’ordinaire le point de départ des coups de feu ont été épargnées, à Korhogo, il s’agit, selon des sources sécuritaires relayées par la presse, d’affrontements entre militaires. Et dans ce dernier cas, il y aurait 3 morts et 4 blessés d’après un premier bilan provisoire.

La situation reste toutefois confuse, les officiels ne s’étant pas encore prononcés, même si Abidjan et dans le reste du pays, la vie a repris comme si de rien n’était.

Une nouvelle crise ?

Le pays doit encore gérer certaines excroissances de la dernière crise dans un climat politique loin d’être serein.

Il y a les ex-démobilisés dont une partie, environ 6000, n’a pas bénéficié de mesures d’accompagnement durant le processus de désarmement et qui réclament la cagnotte de 18 millions FCFA par personne. Dimanche dernier un groupe de démobilisés avaient tenté de barrer l’entrée sud de la ville de Bouaké. A la suite, les autorités avaient arrêté deux leaders de la manifestation avant de les relâcher.

Mais il y a également l’affaire de la cache d’armes retrouvée à Bouaké, chez Kamagaté Souleymane, le chef de protocole de Guillaume Soro. Ce vendredi encore, deux militaires de sa garde ont encore été entendus par la justice militaire ivoirienne. Et une question intrigante demeure : comment cela se fait-il que Kamagaté Souleymane soit encore en liberté alors que «un ivoirien lambda ou un proche de l’opposition aurait été dare-dare incarcéré sans aucune autre forme de procès au moins à titre préventif», dénonce l’opposition ivoirienne. Le régime craint-t-il, en cas de fermeté, des représailles du président du Parlement, réputé avoir des soutiens au moins parmi les ex-rebelles intégrés à l’armée? Des experts des Nations-Unies ont été invités pour porter mains fortes à une enquête qui traîne.

Il ne faut pas oublier les tensions qui couvent dans la sphère politique ivoirienne. Des cadres du PDCI ont été limogés de leurs postes, et deux directeurs généraux proches de Soro Guillaume ont été remerciés ce jeudi. Un malaise qui risque de bouleverser les alliances et accord politique autour du régime d'Abidjan.

Du côté des autorités, aucune communication n’est faite sur le sujet. S’agit-il d’une parenthèse banale ou d’un malaise naissant au sein de la grande muette ? 

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 15/07/2017 à 15h46, mis à jour le 15/07/2017 à 15h49